Oeuvres / Hymne au soleil
Pour flûte et trio à cordes
Op. 46
Commande de PQEV
Dédié au Quatuor Hélios (2015)
À moi l'amour du soleil m'a donné splendeur et beauté
Sappho, Fr.58 : 25-26.
Emprunté au fameux hymne de Mésomède de Crète¹, le titre de cet ouvrage fait écho au nom du quatuor Hélios (soleil), son dédicataire. Et bien au-delà de ce clin d'œil, toute cette composition s'inspire du « poïkilon » des Grecs, un terme désignant l'infinie variété des lumières et couleurs qui émanent du Soleil mais aussi d'autres divinités telle Aphrodite. Comme l'astre solaire, le rayonnement de la déesse se diffracte et fait miroiter ses multiples effets sur la mer. C'est en tout cas ce que chante Sappho dans son 1er Hymne à Aphrodite.²
Dans mon Hymne au Soleil, flûte et cordes se cherchent et se répondent, renouvelant constamment le timbre de leurs échanges jusqu'à redessiner les vibrations du poïkilon mythique. Par ailleurs, l'ensemble de l'œuvre joue sur les variantes rythmiques de l'antique Péan avec son habituelle scansion à cinq temps (sesquialtère). Mais celle-ci sera parfois très ramassée, fulgurante, en particulier dans les variations centrales. Parfois au contraire, démesurément agrandie, elle apparaîtra comme distanciée par quelque artifice télescopique, notamment dans les passages solistes.
Hommage à Jean Cabu et à toutes les victimes de fanatiques assassins : je suis sûr que le soleil de nos expressions rayera l'obscurité de la barbarie car « là où la vie emmure, l'intelligence perce une issue… » (Proust) et qu'Aphrodite sera elle-même « présente comme alliée dans le combat »
B.D. 15-II-15
1 Compositeur à la cour de l'empereur Hadrien, Mésomède composa son Hymne au Soleil vers 130 ap. J.C.
2 Ποικιλοθον αθανατ‘Αφροδιτα, Sappho, Fr.1 : 1-2 (vers 610 av. J.C).
3 C'est ainsi que Sappho termine son 1er Hymne à Aphrodite, Fr.1 : 27-28.